Prolifération et port d’armes illégal en Thaïlande : entre application déficitaire et régimes d’exception.

Publié le 02 mai 2025

Note d’analyse du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), écrite par Anne Xuan Nguyen.          En Asie du Sud-Est, la Thaïlande se distingue comme l’un des pays ayant les taux les plus élevés de détention d’armes à feu chez sa population civile, ainsi que le deuxième plus grand nombre de décès par arme à feu. Avec 10 millions d’armes de poing et d’épaules en circulation, dont 4 millions de manière clandestine, le royaume connait une situation de prolifération insolite, qu’il s’agit d’interroger dans cette note. À quoi cette situation est-elle due ? Comment expliquer que plus d’un tiers des armes à feu soit détenu illégalement, alors que la législation thaïlandaise sur le port d’armes par les civils est stricte ? Cette note avance que le problème est multifactoriel. Dans un premier temps, il sera question de comprendre l’influence de la culture des armes en Thaïlande sur leur désirabilité auprès du public. La seconde partie sera consacrée aux raisons géopolitiques et institutionnelles de la prolifération. Ces facteurs sont l’instabilité sécuritaire des États voisins et les conflits séparatistes dans le sud du pays, qui facilitent les trafics d’armements transfrontaliers en Thaïlande. Il convient également de mentionner la corruption dans les agences de contrôle et le manque de centralisation des données sur les armes à feu, qui compliquent l’application des lois sur le port d’armes. Enfin, le but sera de comprendre en quoi le gun welfare, un programme d’acquisition destiné aux forces de l’ordre et aux fonctionnaires d’État, entraine une faille majeure dans le contrôle des armes, contribuant ainsi à la prolifération des armes légères et de petit calibre dans le royaume.